ETIENNE DE L’ESTOILE (RCE)

A lire sur le blog alternatives économiques de RCE

“L’écologie et l’inaction ? C’est un cas de déchirement entre ce qu’on sait qu’on doit faire et ce qu’on ne fait pas. C’est quelque chose qui était discuté et théorisé dans l’Antiquité sous le nom d”akrasia”, qu’on peut traduire par impuissance : comment expliquer que nous savons ce que nous devons faire, nous avons un certain nombre d’objectifs dont nous pensons qu’ils sont bons, mais nous ne les réalisons pas.”

Thomas Bénatouïl, “Quand la parole ne suffit pas : les stoïciens au secours de l’écologie”, Les Chemins de la Philosophie, 12/11/2019

De nombreux observateurs n’ont pas manqué de souligner les traits communs entre les crises environnementale et du coronavirus. Beaucoup ont déploré l’ampleur de la réaction des médias et autorités, en regard du faible intérêt accordé à la crise environnementale, dont les conséquences sont pourtant potentiellement désastreuses en termes de pertes humaines et économiques. D’autres y voient plutôt un motif d’espoir quant aux capacités des pouvoirs publics à réagir avec force et efficacité au défi qui les attend. À rebours de cette dernière lecture, il semble au contraire que de nombreux gouvernements, au premier rang ceux de pays européens comme l’Italie ou la France, ont longtemps sous-estimé le risque, se retrouvant débordés, alors que la Corée du Sud ou la Chine semblent avoir mieux maîtrisé cette épidémie. C’est dans cet écart que l’article propose de s’engouffrer pour explorer les ressorts de l’inaction des Etats et des individus dans cette situation d’urgence. De nombreux prismes seraient nécessaires pour aborder cette crise sous ses différents aspects. Cet article prend le parti d’analyser, grâce aux outils de l’économie, la lenteur des réactions face à la crise sanitaire, et de montrer en quoi ces mécanismes sont aussi à l’œuvre pour freiner la lutte contre la crise écologique. Celle-ci se traduit par la chute de la biodiversité et les changements climatiques. Quant à la crise sanitaire, on la définira comme la diffusion massive du virus, la multiplication de cas graves et la saturation des hôpitaux aggravant la mortalité.

Rappelons quelques similitudes entre les crises sanitaire du Covid-19 et environnementale. Toutes deux se jouent à plusieurs échelles, internationale, nationale et individuelle, et s’articulent entre individu, collectif et institutions. Elles sont exogènes selon la conception classique de l’économie, mais sont en réalité liées à, voire provoquées, par nos modes de production et de consommation. Elles induisent des risques pesant sur l’économie réelle et pouvant se transmettre à la sphère financière via notamment le secteur bancaire. Leur impact est amplifié par le manque d’investissement dans certains secteurs clés. Leur résolution nécessite de mettre en place de nouveaux outils, susceptibles de transformer profondément le rôle des politiques monétaires et budgétaires. Ces deux crises interrogent aussi sur la place des scientifiques dans la société et la prise de décisions politiques, avec de nombreuses alertes survenues très tôt, mais des réactions publiques et étatiques beaucoup plus tardives (voire parfois à contre-courant des recommandations de la majorité des scientifiques). Face à une menace grandissante dont les contours et la temporalité sont encore incertains, la tergiversation a souvent des conséquences dramatiques. Saisir l’urgence avant qu’elle ne survienne est une nécessité exigeant de nous clairvoyance et sens du kairos, du moment opportun. Pour prendre à bras le corps la crise, une société doit pouvoir rapidement mesurer son ampleur et réagir sans délai.

Les réponses des États et des individus face à la crise du Covid-19 offrent la possibilité d’étudier en temps réel les mécanismes de réaction des individus face aux informations dont ils disposent. La crise du Covid-19 se distingue de par son impact, plus limité et plus ramassé dans le temps, mais aussi plus visible. Nous pouvons cependant nous servir de cette crise comme d’un microscope pour observer et mettre au jour certains mécanismes expliquant l’inertie des politiques et des comportements individuels. Repérer ces mécanismes est une façon de prendre au sérieux l’avertissement que représente cette crise par rapport à celles qui sont annoncées et que nos sociétés ne sont actuellement pas prêtes à affronter. Tout en étant conscients des limites qu’offre cette comparaison, nous estimons qu’elle peut avoir une utilité heuristique pour illustrer les différents obstacles à la mise en place de politiques adaptées à la reconstruction écologique et qui ont été soulignés depuis longtemps par les économistes. Ces barrières sont d’origines et de formes variées : elles peuvent découler de biais dans les mécanismes de prise de décision des individus, de leurs difficultés à se coordonner collectivement ou encore à arbitrer entre les différentes temporalités qu’implique leur action.

De l’information à l’action individuelle : biais et barrières cognitifs

On peut s’interroger sur le temps mis par les autorités françaises à prendre la mesure de la crise : entre les premières mesures prises en Chine fin janvier et les premières annonces du président de la République jeudi dernier, il s’est passé un mois et demi pratiquement. Il est difficile de traiter séparément l’analyse à l’échelle des États et celle des individus. Les uns et les autres se renvoient la responsabilité, Emmanuel Macron déplorant l’irresponsabilité des Français qui continuent d’aller dans les parcs, tandis que ceux-ci soulignent l’incohérence des décisions et des annonces gouvernementales. On partira du principe que l’information était disponible, relayée gratuitement par des grands journaux (le New-York Times et Le Monde, par exemple, s’étant engagés à mettre en accès libre leurs articles concernant le virus). On peut alors s’étonner de la lenteur de la prise de conscience des individus, qui continuaient d’avoir un comportement à risque alors même que l’épidémie se rapprochait et que se multipliaient les appels de nombreux Italiens à ne pas sous-estimer le danger. S’il ne s’agit pas d’en faire les bouc-émissaires d’une crise dont les responsabilités sont bien plus partagées, on peut s’intéresser aux « biais cognitifs » qui perturbent l’adéquation entre l’information et la réaction. Kahneman et Tversky, qui ont popularisé cette notion en économie, définissent ces biais comme ce qui éloigne de façon systématique les individus des choix optimaux, en repensant la théorie néoclassique des choix rationnels dans une situation d’incertitude. Dans ce cadre où le risque est difficilement quantifiable, qui se rapproche par définition de celui de la crise, la prise de décisions est ainsi soumise aux limites de la rationalité. En raison de sa souplesse – certains diraient sa pauvreté – conceptuelle, la notion a connu un fort engouement et une multitude de biais sont régulièrement mis en avant dans la littérature, notamment à propos de l’inaction face à la crise écologique. On retiendra ici les plus saillants.

le déni, qui consiste à minimiser ou même nier l’impact de la crise. S’y ajoute l’effet de mise à distance temporelle et géographique, la crise écologique étant perçue comme une menace lointaine. Cette distance psychologique rend difficile la perception du changement immédiat et tangible. Le phénomène d’exposition sélective à l’information, c’est-à-dire qu’on recherche activement les informations allant dans le sens de nos croyances et de nos pratiques, renforce la posture du déni. Dans le cas de la crise du coronavirus, on pourra ranger dans cette catégorie les différentes variations autour du refrain “c’est juste une grippe”.1 Enfin, un biais de défiance face à des crises annoncées qui ne se sont pas concrétisées, comme la pandémie H1N1, a pu jouer un rôle.
l’optimisme comparatif ou biais de supériorité consiste à croire qu’on saura mieux faire face à la crise que ses voisins. Dans le cas du coronavirus, il a par exemple été régulièrement avancé que la crise en Lombardie provenait du mauvais système de santé italien. Une forte croyance dans le progrès technique et l’innovation future, capables de résoudre les crises juste à temps, participent de cette forme de surconfiance.
le biais du statu quo, fondé sur l’inertie et les habitudes dans un contexte d’incertitudes, renforcé par l’absence de tests systématiques pour l’ensemble des individus, qui tend à minimiser l’ampleur de la diffusion du virus dans la population, qui connaît pourtant une croissance exponentielle de ces phénomènes. Or, de nombreux travaux montrent la difficulté à se représenter ce type de phénomène car les individus tendent à raisonner de manière linéaire (comme le montre l’équation du nénuphar qui doublerait chaque jour jusqu’à remplir totalement son étang, développée par Albert Jacquart), ce qui peut expliquer la lenteur de réaction au début de l’épidémie, lorsque la vitesse de propagation était encore très lente. C’est d’ailleurs un point commun supplémentaire avec la crise environnementale (par exemple, la déforestation contribue à la diminution de la vitesse de reproduction des forêts ce qui finit par accélérer encore plus la déforestation, alors même que le nombre d’arbres coupés reste constant) puisqu’on retrouve cette idée très souvent dans la littérature sur les crises environnementales, dès le rapport Meadows en 1972.
La chercheuse en études cognitives Coralie Chevallier a mis en évidence certains freins à l’action dans la lutte contre la crise écologique. Elle indique plusieurs sources de non-action ou barrières cognitives, au premier chef l’ignorance des ordres de grandeur, et la difficulté à bien se représenter des statistiques. Ainsi, les individus ont tendance à considérer que toutes leurs actions sont également utiles, par exemple l’utilisation d’une gourde et l’achat de vêtements à la recyclerie représenteraient un effort suffisant pour compenser de prendre l’avion une fois par an. Pourtant, un seul vol pollue plus que des milliers de bouteilles non recyclées. La lente prise de conscience de l’urgence sanitaire et de la gravité de la situation ont pu être favorisées par une sous-estimation de la contagiosité du virus. Chevallier avance aussi la tentation de la récompense immédiate, très puissante et qui se rapproche du taux d’escompte temporelle décrit plus loin dans ce billet. Enfin, le passage de l’idée à l’action est couplé à la notion de réciprocité, puisqu’on est prêt à agir à condition que les autres en fassent autant. Ainsi, une expérimentation a informé des individus sur leur consommation d’électricité par rapport à celle de leurs voisins. Ceux qui consomment relativement plus réduisent leur consommation énergétique et ceci a un effet de long terme. C’est ainsi que la culpabilité est un ressort puissant pour transformer les comportements. La résolution doit donc se jouer à une échelle interindividuelle et nécessite une coordination des comportements.

La tragédie des communs : se coordonner face à l’urgence

Un problème bien connu des économistes est la difficile coordination des agents pour atteindre des situations maximisant l’intérêt général. Beaucoup utilisé par les économistes du climat, le dilemme du prisonnier permet de représenter, en le simplifiant à l’extrême, le paradoxe suivant : la poursuite d’actions rationnelles au point de vue individuel conduit à un résultat sous-optimal pour chacun. C’est dans ce cadre qu’est favorisée l’apparition de “passagers clandestins”, qui ne respectent pas les règles communes mais tirent profit de celles-ci. Dans la lutte contre la crise écologique, c’est ceux qui, sans y participer, bénéficient des efforts que feront les autres pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. La stratégie d’atténuation de la crise sanitaire mise en place dans de nombreux pays repose sur la distanciation sociale : tout le monde a intérêt à ce que le confinement soit respecté, mais chacun a la tentation de s’y soustraire. Cette difficulté à coordonner les comportements s’aggrave du fait que les individus sont inégalement exposés au risque de la pandémie, puisque les cinquantenaires semblent connaître un taux de mortalité dix fois plus faible que les plus de quatre-vingt ans, selon une publication de référence portant sur plus de 44 000 malades chinois. Tous les individus n’ont donc pas les mêmes incitations à respecter le confinement. Ce phénomène se retrouve dans la lutte contre la crise environnementale, avec une exposition différentielle au risque selon les groupes sociaux ou géographiques.

De plus, comme cela a été souligné lors de la naissance du mouvement des “gilets jaunes” en France, les différents groupes sociaux ne subissent pas de la même manière les efforts individuels nécessaires pour endiguer la crise environnementale : la taxe carbone est en elle-même régressive, c’est-à-dire que les ménages plus modestes dépensent une plus grande part de leurs ressources dans cet impôt. Dans le cas de la crise du Covid-19, non seulement les conditions du confinement sont très différentes, mais on assiste à une forme de polarisation entre certains métiers pouvant être exercés depuis le domicile et ceux qui impliquent d’être exposé au risque de contamination (les policiers, les routiers, les caissières, les soignants…). La lutte contre les crises représente donc un véritable enjeu de justice sociale, ce qui nécessite la mise en place de mesures redistributives adaptées à la situation de chacun. Pour contraindre au respect du confinement, des solutions de traçage des déplacements et des interactions des individus grâce aux informations de leur téléphone sont envisagées dans plusieurs pays. L’exemple de la Chine a montré que ces dispositifs peuvent se prolonger après la résolution de la crise. Comme la crise environnementale, celle du Covid-19 interroge les limites de la liberté individuelle.

Sur le plan international, la crise du Covid-19 souligne les failles de la gestion d’une crise mondiale à l’échelle nationale. Il est en effet difficile de garder les frontières ouvertes s’il n’y a pas de cohérence et de coordination dans les réponses des Etats. La menace énoncée par Édouard Philippe de fermer les frontières avec le Royaume-Uni est à cet égard significative. L’exemple de l’Union Européenne est encore plus frappant. Le sommet européen du 9 mars, qui appelait à une « approche commune » n’avait pas empêché dès le lendemain la multiplication de mesures nationales incohérentes, chaque pays agissant comme si l’Union n’existait pas : fermeture unilatérale des frontières intérieures, mesures sanitaires désordonnées, plans de soutien à l’économie non coordonnés. Le ton ambigu du président du Parlement européen David Sassoli, à l’issue du sommet du 17 mars, en dit long lorsqu’il se réjouit que « l’Europe contrebalance l’égoïsme et le manque de coordination entre les gouvernements nationaux face à la crise du Covid-19 ».

La tragédie de l’horizon : tous morts à long terme ?

La crise du Covid-19 confronte directement les gouvernements à une dialectique de l’urgence, à opérer, dans un intervalle de temps très limité, un choix crucial entre différentes mesures dont il est difficile de prédire a priori l’ensemble des conséquences, malgré les exemples d’autres pays. A cet égard, on peut utiliser la notion de “tragédie de l’horizon”, développée par Mark Carney, ancien gouverneur de la banque d’Angleterre, pour qualifier la crise écologique dont les impacts seront ressentis bien au delà des horizons des acteurs traditionnels (cycle des affaires, cycle politique et mandat des banques centrales). Par exemple, une étude prévoit la transformation de la forêt amazonienne en savane pour 2070 : même si l’érosion de la biodiversité a déjà commencée, la crise écologique se vit sur le temps long. C’est ce décalage qui pousse les individus qui sont en mesure d’atténuer la crise à repousser les efforts nécessaires. Dans les modèles économiques, on traduit ce moindre souci pour le futur par un taux d’escompte temporelle élevé : les individus accordent beaucoup plus d’importance à la satisfaction présente de leurs besoins. Si la crise du Covid-19 a des implications plus directement visibles, on a pu retrouver cet arbitrage, dans une temporalité beaucoup plus réduite, entre le court et le moyen terme, comme le montrent les hésitations des États à sacrifier une partie de l’activité à court terme en confinant la population, seule solution qui semble efficace pour aplatir la courbe de l’épidémie en l’absence de tests généralisés. Ce choix est d’autant plus brûlant que chaque jour qui passe permet la diffusion du virus, donc aggrave les conséquences de long terme en risquant de saturer les disponibilités des hôpitaux et de repousser le délai nécessaire pour maîtriser l’épidémie. C’est en ce sens que la crise actuelle peut aussi être interprétée comme une micro-tragédie de l’horizon, avec un taux d’escompte temporelle qui a été très élevé tout le temps où la gravité et la diffusion de l’épidémie ont été sous-estimées.

C’est “le pari des économistes d’expliciter ces arbitrages peu ragoûtants pour éviter le piège de l’irrationnel”, comme le rappelaient Augustin Landier et David Thesmar. Cela implique de donner un prix à la vie humaine. Celui-ci correspond au montant qu’est prête à payer une communauté en échange de la réduction d’un risque de décès. Il s’agit donc de déterminer la valeur accordée par un ensemble d’individus à la préservation d’une vie anonyme. La nécessaire estimation de la valeur d’une vie humaine est aussi un outil majeur dans le développement des politiques de protection de l’environnement. On notera la dimension “arbitraire” du choix d’un tel nombre puisque, d’un pays à l’autre, cette valeur peut varier considérablement, conduisant à des décisions parfois très différentes. En France, elle est évaluée à 3 millions d’euros actuellement, d’après un rapport de 2016, (« Éléments pour une révision de la valeur de la vie humaine », Commissariat général à la stratégie et à la prospective, 2013). La prise d’une décision économiquement dommageable doit donc trancher le moment où les pertes humaines deviennent supérieures aux pertes économiques. Ce moment paraît toujours lointain, phénomène renforcé par le décalage entre les cas constatés et les cas réels, ainsi que par la distance temporelle entre l’action et le résultat visible.

Plusieurs approches permettent de sortir du cadre utilitariste qui gouverne implicitement ces arbitrages, qu’ils s’opèrent entre priorités contradictoires – la croissance contre la santé publique ou la stabilité environnementale – ou entre différentes périodes, et qui conduisent à des solutions intermédiaires, pas nécessairement optimales ni éthiquement évident. Elles autoriseraient la détermination de choix plus radicaux, comme la sanctuarisation de certains aspects de la vie sociale et une organisation résiduelle de l’économie autour ou l’utilisation de critères non-escomptés (toutes les périodes ayant la même valeur) voire non-utilitaristes. Ces approches supposent de renouveler profondément les outils sur lesquelles se basent les décisions politiques, aussi bien les indicateurs – avec la prise en considération de mesures de la richesse alternatives au PIB – que les processus mêmes de décision, en intégrant par exemple une dimension discursive par la participation des différents acteurs impliqués.

Conclusion : ce que le virus dit de notre impuissance

Si certains ont pu se réjouir d’une amélioration soudaine de certains indicateurs environnementaux due à la pause forcée de l’activité économique, elle n’est pas le résultat de la mise en place de politiques volontaristes visant à une transformation profonde des structures de l’économie. La population accepte des restrictions de libertés drastiques et une diminution de bien-être pour le coronavirus en sachant que c’est temporaire, alors que pour les enjeux écologiques, la transition vers un mode de vie sobre serait définitive, ce qui réduit grandement son acceptabilité sociale. C’est seulement lorsqu’elle s’est matérialisée dans le quotidien et l’immédiat, qu’elle a perdu son abstraction, que la crise du Covid-19 a été prise au sérieux dans les esprits et les décisions publiques. Un poil de chauve-souris trop tard, ce dont nous n’avons pas fini de mesurer les conséquences. Espérons qu’elles serviront de réveil pour saisir l’urgence d’agir face à la crise écologique, pour l’instant bien moins proche et moins concrète.

En effet, la crise du Covid-19, qui engendre un bouleversement social et économique sans précédent, met à nu la vulnérabilité de nos systèmes économiques et sociaux. Elle représente une mise en garde face à d’autres crises, plus graves encore, qui s’annoncent. Elle appelle à un changement radical dans les paradigmes et dans les pratiques. Cet article est une tentative d’expliquer les mécanismes de blocage à l’action face à l’urgence, afin de les surmonter pour faire face aux urgences qui nous attendent.

1. “So last year 37,000 Americans died from the common Flu. It averages between 27,000 and 70,000 per year. Nothing is shut down, life & the economy go on. At this moment there are 546 confirmed cases of CoronaVirus, with 22 deaths. Think about that!”, Donald Trump sur Twitter le 9 mars 2020.