Face à la limitation des capacités prédictives des modèles classiques en économie, l’intégration de savoirs issus de la psychologie, des neurosciences et des sciences cognitives aux recherches ont renouvelé l’analyse économique sous le nom d’analyse comportementale. Au centre de l’intérêt, les biais cognitifs, qui limitent la capacité des individus à prendre des décisions rationnelles. Le succès de ces recherches se traduit par la diffusion de nouveaux instruments de politique publique appelés « nudges », « coup de pouce » en français. Comment tenir compte des biais cognitifs des individus pour les inciter à faire « le bon choix » ? En jouant sur leur environnement : cocher des options par défaut, pour augmenter le nombre d’individus souscrivant à un plan d’épargne ; modifier l’ordre de présentation des plats dans une cantine, pour encourager une alimentation plus saine, etc. Promesse d’efficacité à moindre coût, les nudges rencontrent un engouement croissant dans le secteur public. Cette table ronde propose de revenir sur le développement de ces instruments de politique publique. Quelle place pour les nudges dans la boîte à outils du décideur public ? Quel rôle accordent-ils aux décideurs, aux citoyens ? Sur quelle conception de la liberté individuelle reposent-ils ? Pour répondre à ces questions, la table ronde fera dialoguer des praticiens et des chercheurs issus de différentes disciplines.
La table ronde a eu lieu le 4 novembre 2021. Elle était modérée par Maëliss Gouchon, membre du comité de rédaction de la revue et réunissait Judith Favereau (Maîtresse de conférences en économie, Université Lyon 2), Hugo Jeanningros (Chercheur en sociologie au GEMASS), Simon Movermann (Directeur général adjoint des services de la ville de Villeurbanne) et Marie-Claire Villeval (Directrice de recherche au CNRS, GATE).