Au procès de l’économie, l’acte d’accusation est impressionnant. Il y a le vocabulaire technique de l’économiste qui met à distance le non initié, les graphiques et statistiques qui s’imposent dans toute explication, les descriptions d’individus avec des comportements calculateurs et égoïstes, des raisonnements qui servent à justifier la position des plus favorisés, une logique qui conduit à sous-estimer les effets dévastateurs de la « marchandisation du monde » tant sur les citoyens que sur la nature. Pourtant les initiatives sont nombreuses pour corriger cette image en rendant plus accessible et plus attrayant les analyses des économistes. On voit se multiplier les sites internet avec des textes, des vidéos, des débats en ligne ; les médias qui renouvellent la manière de traiter les sujets d’actualité ; les revues qui cherchent à rendre plus accessibles les travaux académiques ; les MOOCs qui offrent des enseignements ouverts à tous les publics ; les ouvrages de vulgarisation qui nous promettent de nous faire aimer l’économie ; les manifestations et les expositions qui cherchent à donner une présence vivante aux grands sujets économiques… Dans ce paysage foisonnant, y-a-t-il matière à satisfaire les attentes de chacun ? Ne prend-on pas le risque en vulgarisant de tomber dans une discussion du type « café du commerce » ? Toutes les thématiques se prêtent-elles de la même manière à une présentation simplifiée ? Y-a-t-il des manières plus adaptées que d’autres pour toucher les publics peu sensibilisés à ces analyses ? Faut-il utiliser des supports différents selon les générations ? Qui est le mieux placé pour mener ce travail pédagogique aujourd’hui ?
Cette table ronde a eu lieu le 4 novembre 2021. La rédactrice en chef de la revue, Marion Clerc, est intervenue aux côtés de Thibault Briera (Oeconomicus), Nathan Granier (Easynomics) et Ghislain Lauverjat (Cité de l’économie, Banque de France).