LOUIS DAUMAS
Billet en accès libre et en intégralité sur le blog Alternatives Économiques.
Le 21 avril prochain, la Commission Européenne devra présenter la très attendue « Taxonomie des investissements verts ». Cette nomenclature propose un cadre permettant de déterminer si une activité donnée est, en l’état, compatible avec les objectifs européens de lutte contre la dégradation de l’environnement. Cette mesure fait partie d’un package plus général sur la finance verte, lui-même rattaché au projet de Green Deal européen.
Si elle s’adresse à tous les agents, elle vise principalement les investisseurs financiers et a pour objectif notamment de faciliter l’évaluation environnementale des portefeuilles qu’ils gèrent. Un actif (action, obligation par exemple) serait ainsi considéré comme « vert » s’il finance une activité elle-même considérée comme verte. Aux yeux de la Commission Européenne, les agents financiers sont en effet aujourd’hui gênés dans leur volonté de financer des projets écologiques par une information lacunaire, fragmentée et peu fiable sur le contenu environnemental de leurs investissements. Un manque de visibilité sur leur exposition aux actifs carbonés, amenés à être dévalués au cours de la transition, les empêcherait également de correctement recomposer leurs portefeuilles afin d’éviter des pertes futures.
Or les initiatives privées dites « GSE » (Gouvernance Sociale et Environnementale, Environmental and Social Governance, ESG) répondent pour l’instant mal à ces problèmes. Elles font fréquemment l’objet de critiques du fait de leur foisonnement (induisant de surcroît une mise en concurrence), de leur opacité et de leur manque de praticité et sont même parfois carrément taxées de greenwashing (“écoblanchiment” dans la langue de Molière) c’est-à-dire de donner une image trompeuse et purement marketing de responsabilité environnementale aux fonds d’investissement. Image dont ils peuvent de surcroît tirer profit.
D’où le besoin d’une taxonomie officielle, proposée à l’échelle européenne. Dans quelle mesure pourrait-elle être une meilleure solution à ces problèmes ?