Depuis août 2007, la finance mondiale est en crise. Après quatre années de hausse quasi-ininterrompue des marchés boursiers (l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris a été multiplié par 2 de juillet 2003 à juillet 2007, tout comme le Nasdaq aux États-Unis), un cycle financier particulièrement prospère touche à sa fin. Trop de promesses sur des revenus futurs ont été accordées ; trop de déséquilibres creusés. Faut-il s’en étonner ? « La finance globale de marché est intrinsèquement volatile et son mode de régulation est le krach, c’est ainsi ». Cela ne remet pas pour autant en cause ses fonctions traditionnelles : transférer les richesses dans le temps, gérer les risques, mettre en commun les ressources, créer de l’information, organiser le système des paiements.

Chaque crise a ses spécificités. Les hedge funds et les fonds de private equity sont sur toutes les lèvres, mais il ne faut pas se tromper de coupable ! C’est la finance dite structurée qui est au cœur de la crise actuelle. Des crédits à risque ont été accordés, découpés, fusionnés puis revendus à des investisseurs du monde entier, permettant une expansion remarquable du crédit, mais disséminant les risques et complexifiant comme jamais le monde de la finance. Pour répondre aux défis, celui-ci a engagé toujours plus de mathématiciens, d’ingénieurs, d’informaticiens, d’économistes et de commerciaux, dans une pléiade de métiers, faisant de la finance un des secteurs les plus importants des économies des pays développés.

Le consommateur américain a été le premier à bénéficier de la période faste d’expansion du crédit qui se clôt aujourd’hui. Le paradoxe est qu’il a utilisé pour consommer l’argent prêté par un groupe de pays émergents. Depuis 1998, le déficit de la balance des paiements américaine n’a cessé de se creuser ; c’est le déséquilibre macroéconomique fondamental du système financier contemporain. Cette situation n’est pas soutenable : pour que la dette des États-Unis reste dans les limites acceptables, la monnaie américaine doit se déprécier. Sommes-nous à la veille de l’effondrement du dollar ?

L’Europe n’est pas restée en marge. La Commission européenne a poursuivi son objectif d’intégration des marchés financiers, supposée améliorer la croissance de l’Union, mais qui risque aussi d’aggraver les crises. Quoiqu’il en soit, la route est encore longue avant que l’Europe ne constitue un marché financier véritablement unifié.

Les auteurs

Quelques hypothèses sur la finance moderne – Pierre-Noël Giraud

Les nouveaux acteurs de la finance – Philippe Trainar, Jean-Hervé Lorenzi

Le rôle de l’endettement extérieur américain dans les déséquilibres financiers internationaux – Vladimir Borgy

Le processus d’intégration financière en Europe : Quo Vadis ? – Adrian Pop

De l’économie d’endettement à l’économie des marchés financiers – Françoise Renversez

Retour sur la déréglementation finanière – David Thesmar

Globalisation financière : un défi pour la mutualité ? – Roger Belot

Les ambiguïtés de la théorie de l’efficience informationnelle des marchés financiers – Valérie Mignon

La notion de valeur fondamentale est-elle indispensable à la théorie financière ? – André Orléan

La théorie financière et la pratique – Mathieu L’Hoir

Stratégies financières autour d’une table – Olivier Godechot

Marchés financiers et développement économique : une approche historique – Pierre-Cyrille Hautcoeur

La politique des services financiers de la Commission et l’architecture du système financier européen – André Cartapanis

Le Fonds de réserve pour les retraites, bilan et perspectives – Anne Lavigne

La microfinance : entre performance sociale et performance financière – Yves Jégourel

Dans l’œil du cyclone : la crise de l’immobilier américain – Paul Jorion

Que devraient faire aujourd’hui les banques centrales ? – Patrick Artus

Globalisation et (in)stabilités financières – Jérémy Charbonneau, Nicolas Couderc

Les marchés financiers des pays émergents sur la scène internationale : facteur de stabilisation ou de crise ? – Anne-Laure Delatte

L’AMF, un gendarme bien armé ? – Gérard Rameix

Deux FMI, ou pas de FMI ? – Jérôme Sgard

La gouvernance du système monétaire international – Michel Aglietta