Béton, plastique, acier… Nous n’avons jamais consommé autant de matières. Pourtant, nous avons tendance à l’oublier, voire à croire en la possibilité d’une société dématérialisée. Explorons ce paradoxe à partir de la production des déchets et des infrastructures routières. Et demandons-nous en quoi l’oubli des matières est-il nécessaire au fonctionnement des sociétés capitalistes d’aujourd’hui.
Jeanne Guien (Chercheuse indépendante) nous a parlé d’obsolescence. L’obsolescence est l’un des rouages majeurs des sociétés de consommation contemporaines. Elle va bien au-delà des quelques « affaires » les plus médiatisées (imprimantes Epson, Iphone, tracteurs John Deere, etc.). Elle concerne aussi l’industrie de la mode, des produits jetables, etc. Quelles sont les racines de cette normalisation du renouvellement accéléré des biens ? Comment se diffuse-t-elle à travers les objets du quotidien ? Quel est le lien entre le consumérisme et notre rapport aux déchets, ou plus exactement, notre oubli collectif des déchets ?
Nelo Magalhães (Docteur en mathématiques et économie – Institut de la Transition Environnementale) a évoqué les flux de matières. Après 1945, le développement de l’économie passe par la construction de grandes infrastructures de transport. Celles-ci sont responsables des plus grands flux de matières du capitalisme français : plus que pour se loger, se nourrir ou se chauffer, la matière extraite et déplacée sert le transport de personnes et surtout de marchandises. Malgré son coût et ses impacts environnementaux, la dynamique ne faiblit pas. Comment ce pesant héritage s’est-il mis en place ? À quel point la trajectoire est-elle verrouillée du point de vue technique, économique et politique ?