Le 1er mars 2018, Donald Trump a annoncé l’instauration de taxes sur les importations américaines d’acier (25%) et d’aluminium (10%) en provenance de la Chine. Si certains pays en sont exemptés comme le Mexique et le Canada, la Chine est le principal pays visé. Le président américain vise deux objectifs principaux. D’une part, la diminution des importations américaines depuis la Chine réduirait mécaniquement le déficit commercial des États-Unis avec la Chine qui était de 375 milliards de dollars en 2017. D’autre part, Donald Trump dénonce le fait que, pour s’implanter dans le pays, les entreprises américaines doivent transférer leur technologie aux entreprises chinoises.

Que disent les théories économiques ?

La théorie économique propose deux types d’analyse complémentaires des effets de l’introduction d’une taxe à l’importation. La première, en équilibre partiel, s’intéresse seulement aux effets des taxes sur le marché concerné. Ainsi, les taxes vont augmenter le prix de l’acier et de l’aluminium importés et donc réduire la demande des États-Unis à la Chine. Les producteurs américains vont donc se substituer aux importations chinoises en produisant plus et vont ainsi récupérer une partie des profits qui allait avant aux producteurs chinois d’acier et d’aluminium. Pour faire face à l’augmentation de la demande, les entreprises américaines vont donc embaucher.

La seconde analyse, en équilibre général, s’intéresse aux interactions entre les marchés. Certains marchés, comme l’automobile et l’armement, utilisent l’aluminium et l’acier dans leurs productions. L’augmentation des prix de l’aluminium et de l’acier va donc se répercuter sur les autres industries. Faisant face à des coûts de production plus élevés, ces entreprises vont augmenter le prix de leurs biens. Les conséquences pour les consommateurs vont donc bien au-delà du marché de l’aluminium et de l’acier.

Les taxes aux importations sont-elles efficaces ?

L’aluminium et l’acier ne représentent que 2% des importations américaines et la Chine n’est pas le principal partenaire commercial des États-Unis sur ce marché puisque le quart provient du Mexique et du Canada, qui ont, eux, été exemptés des taxes. L’effet positif sur la relocalisation des emplois paraît donc très faible d’autant plus que les entreprises pourraient avoir du mal à trouver des travailleurs disponibles, étant donné le taux historiquement bas du chômage américain qui est à 4%. Les producteurs américains pourraient donc ne pas être en mesure de répondre à toute la demande et seront contraints d’augmenter leurs prix. Les conséquences pour les consommateurs semblent plus importantes, d’autant plus que les autorités chinoises ont répondu en annonçant vouloir taxer dix secteurs stratégiques (haute technologie, aéronautique, véhicule électriques) à hauteur de 3 milliards de dollars.

Références

http://www.bbc.com/news/world-43512098

https://www.cnbc.com/2018/03/25/trade-war-risks-may-cause-economic-crisis-robert-shiller-at-china-development-forum.html

http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/03/23/taxes-americaines-sur-l-acier-et-l-aluminum-un-nouveau-delai-pour-les-europeens_5275319_3234.html#cFt8yeIPw8HB9ke1.99

https://www.alternatives-economiques.fr/risque-dune-guerre-economique-mondiale/00083704

https://www.nytimes.com/2018/03/03/opinion/trade-war-what-is-it-good-for-absolutely-nothing.html

https://www.bloomberg.com/view/articles/2018-04-11/trump-s-china-trade-war-won-t-help-american-workers