Chaque semaine, Regards Croisés sur l’économie vous propose de vous (re)plonger dans un de ces articles en lien avec l’actualité. Cette semaine, à l’heure où le gouvernement dévoile son plan pauvreté, (re)découvrons l’article « Les politiques de lutte contre la pauvreté » de Nicolas Duvoux. N’hésitez pas à lire et à relire cet article sur Cairn !
« Dans les années 1970, une diminution assez radicale de la pauvreté s’est produite – 14,1 % de la population était pauvre en 2014 contre 25 % en 1970. Cependant, la pauvreté a cessé de diminuer et augmente légèrement depuis le milieu des années 2000. »
« On observe également un changement qualitatif de la pauvreté. Dans les années 1970, celle-ci concernait d’abord les personnes âgées. Aujourd’hui, elle touche des jeunes, parfois actifs ».
« Environ 15 % de la population est pauvre en termes monétaires ; sensiblement la même part en termes de conditions de vie. Si on agrège les deux populations, 20 % des Français sont considérés comme pauvres. Par contre si on recoupe les deux, la population pauvre est de 5 %. Cela permet de comprendre que la pauvreté est un phénomène multiple qui ne peut se penser sous un seul angle mais comme un regroupement de situations très hétérogènes. »
« On estime que les transferts (RSA, APL, transferts sociaux et services publics) diminuent la pauvreté de moitié »
« L’augmentation du chômage à partir de 2008 s’est traduite, de manière différée, par une augmentation de plus de 30 % du nombre d’allocataires du RSA. Cela signale un élargissement très signicatif de la sphère de la société dévolue à l’assistance : le RMI avait été conçu pour 300 000 personnes, aujourd’hui, le RSA couvre 2,5 millions de ménages. Ces chiffres sont d’autant plus importants qu’à quelques exceptions près, les jeunes de moins de 25 ans, pourtant la catégorie d’âge la plus pauvre, sont exclus de l’éligibilité à ce dispositif. »
« La société privilégie la prise en charge familialiste de cette catégorie d’âge, à travers la déduction scale au titre du quotient familial, au mépris des inégalités sociales très fortes dans la capacité des familles à soutenir les jeunes adultes »
« Le non-recours aux droits sociaux, véritable envers de la fraude sociale (Odenore, 2012), soit d’une ampleur bien supérieure aux montants de la fraude »
« La décentralisation des politiques ouvre la voie à la création d’inégalités territoriales importantes (…) les contribuables locaux des départements les plus pauvres sont conduits à contribuer de manière plus importante au financement de la solidarité nationale.»
« La conception, l’adoption et la mise en œuvre du Revenu de Solidarité Active ont visé à articuler, dans un même dispositif, un soutien à la reprise d’activité, y compris sur des emplois à temps très partiels (le RSA d’activité, nouvelle composante) et un dispositif pour les non- travailleurs (le RSA socle, qui fusionnait le RMI et l’Allocation Parent Isolé) »
« . Cependant, le non- recours au dispositif (68 %) fut tel que celui-ci fut considéré comme un échec »
« L’extension du soutien aux travailleurs modestes témoigne de la dégradation des conditions de rémunération de ces derniers d’une part, de l’extension des frontières de l’assistance de l’autre. »